Le moral, clé de la longévité : Apprendre à cultiver ses ressources intérieures
L’importance du moral et des ressources intérieures dans le vieillissement et l’espérance de vie.Introduction
Vieillir n’est pas seulement une affaire de biologie, c’est aussi un état d’esprit. En tant que bénévole en Ehpad, j’observe souvent que certaines personnes âgées, convaincues que leur existence n’a plus de sens, finissent par se laisser mourir. À l’inverse, d’autres, malgré la fatigue et les épreuves, trouvent en eux des ressources insoupçonnées pour continuer à avancer.
Le moral joue un rôle essentiel dans la longévité. Cultiver une vie intérieure riche, se connaître profondément et nourrir l’espoir sont autant d’éléments qui peuvent influencer la manière dont nous vieillissons. Cette idée trouve un écho saisissant dans l’expérience d’Alain Bombard, médecin et aventurier, qui a démontré que la volonté de vivre pouvait parfois faire la différence entre la survie et l’abandon.
L’expérience d’Alain Bombard : la force du mental face à l’adversité
En 1952, Alain Bombard a décidé de se jeter volontairement dans l’Atlantique, seul sur un canot pneumatique, sans vivres ni eau potable. Son objectif ? Prouver que l’on peut survivre en mer en se nourrissant uniquement de ce que l’océan offre. Mais au-delà de l’expérience scientifique, il a surtout mis en lumière un phénomène troublant : la plupart des naufragés ne meurent pas de faim ni de soif, mais de désespoir.
Il a constaté que ceux qui se croient condamnés cessent de lutter et finissent par mourir bien plus vite que ceux qui gardent espoir. Selon lui, l’état d’esprit est un facteur déterminant dans la survie. Cette observation peut être transposée à la vieillesse : lorsque l’on perd toute motivation à vivre, le corps suit rapidement cette inclination vers l’abandon.
Le poids du désespoir chez les personnes âgées
En Ehpad, ce phénomène est flagrant. Certains résidents, confrontés à la perte d’autonomie, à l’éloignement de leur famille ou à la mort de leurs proches, sombrent dans un état de résignation. Ils s’isolent, cessent de s’intéresser à ce qui les entoure et finissent par glisser doucement vers la fin.
À l’inverse, ceux qui cultivent une passion, qui trouvent du sens à leur quotidien, qui continuent à apprendre, lire, écrire ou discuter, montrent souvent une meilleure résilience face au vieillissement. Loin d’être un simple effet de la volonté, cet engagement mental agit sur leur état physique : ils tombent moins souvent malades, récupèrent mieux et vivent plus longtemps.
Nourrir sa vie intérieure : un rempart contre le déclin
Alors, comment entretenir cette force intérieure ? Plusieurs pratiques peuvent aider à renforcer son moral et à prolonger sa vitalité :
1. Écriture et introspection
Mettre des mots sur ses pensées, écrire ses souvenirs, exprimer ses émotions permet de mieux comprendre son propre parcours et de se réconcilier avec le temps qui passe. L’écriture devient un dialogue avec soi-même, une manière d’exister pleinement malgré l’âge.
2. Apprentissage et curiosité
Il n’y a pas d’âge pour apprendre. Découvrir un nouvel auteur, se plonger dans la philosophie, s’initier à une langue ou à un art renforce la plasticité cérébrale et stimule la motivation à vivre.
3. Lien social et transmission
Le partage et la transmission du savoir donnent du sens à l’existence. Que ce soit à travers des discussions, des ateliers ou des rencontres, maintenir un lien avec les autres est essentiel pour préserver son énergie vitale.
4. Méditation et pleine conscience
Prendre le temps de se recentrer sur l’instant présent, observer ses pensées sans jugement, cultiver la gratitude : autant de pratiques qui aident à mieux vivre le quotidien et à accepter les changements liés à l’âge.
Conclusion : choisir de vivre pleinement
Vieillir est une épreuve, mais c’est aussi une opportunité de mieux se connaître et de cultiver un regard bienveillant sur soi-même. L’histoire d’Alain Bombard nous enseigne une chose précieuse : nous sommes bien plus forts que nous le croyons lorsque nous décidons de ne pas abandonner.
Plutôt que de voir la vieillesse comme une fatalité, il est possible de l’aborder comme une période d’introspection, de transmission et de découverte. Et si, au lieu de se laisser sombrer, nous apprenions à nourrir notre vie intérieure pour vieillir en restant vivants ?
Bibliographie
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Bombard, Alain. Naufragé volontaire. Paris : Flammarion, 1953.
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Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale (INSERM).
“Le rôle du bien-être psychologique dans la longévité.” INSERM, 2021.